Blog de Bernard André

Ecouter : si simple, et pourtant si difficile !

« Parler est un besoin, écouter est un art ». Ces propos de Goethe illustrent un défi majeur de toute communication humaine : celui de développer un art de l’écoute, seul à même de jeter les bases d’une communication.
« Parler est un besoin, écouter est un art ». Ces propos de Goethe illustrent un défi majeur de toute communication humaine : celui de développer un art de l’écoute, seul à même de jeter les bases d’une communication.
Dans leur ouvrage « Les bases de la communication humaine : une approche théorique et pratique », Gail Myers et Michele Tolela Myers ont mis en évidence trois mythes concernant l’écoute :
• L’écoute est un processus naturel.
• Il n’est pas nécessaire d’apprendre à écouter.
• Il n’y a pas de différence entre entendre et écouter.
Le fait d’entendre est un processus naturel. Par contre, l’écoute demande une attention consciente. Elle suppose de considérer son interlocuteur comme ayant des choses importantes à exprimer, dignes de son attention. Cela semble élémentaire. Néanmoins, combien de dialogues se terminent avant même d’avoir commencé, l’un des interlocuteurs étant tellement préoccupé à faire passer son message qu’il n’a pas pris le temps et prêté attention à ce que l’autre avait à dire. L’écoute est une posture active, qui engage l’écoutant. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’écoute active. On est donc bien loin de la conception de processus naturel.

4 TYPES D’ECOUTE
Il nous semble utile de distinguer quatre types d’écoute, dont seul le dernier mérite vraiment son nom et pourra être une ressource pour traverser les conflits :
L’écoute égocentrique est sans doute la plus commune. Les propos entendus servent de déclencheurs pour ramener à soi la communication. A peine l’interlocuteur a-t-il énoncé quelques phrases que déjà celui qui pratique une écoute égocentrique l’interrompt pour raconter son expérience personnelle, son anecdote voire à un jeu de mots. La manifestation extérieure d’une écoute égocentrique est cette propension à tout ramener à soi, à utiliser chaque propos entendu comme tremplin pour se faire entendre, se mettre en valeur et ramener l’attention sur sa propre expérience.
L’écoute intermittente se satisfait de saisir l’essentiel. Dans cette pratique, la personne est autant à l’écoute de son interlocuteur que de son dialogue intérieur. L’expression « écouter d’une oreille » exprime bien la dynamique, « l’autre oreille » étant branchée sur sa préoccupation du moment : réunion précédente, liste de courses à faire, prochain rendez-vous, par exemple.
L’écoute pour réfuter est sans doute la plus utilisée dans les situations conflictuelles. Son objectif est la recherche d’une faille, d’une incohérence, d’une contradiction, d’un raisonnement biaisé. Une fois la faille identifiée, la personne commence à préparer sa riposte en attendant que l’autre se taise. Il place alors sa réfutation en mettant en évidence autant les insuffisances de son interlocuteur que sa propre intelligence lui permettant de voir, penser, agir adéquatement.
L’écoute empatique vise à entrer dans le monde de l’autre, cherche à saisir sa perspective, son point de vue. Elle est attentive aux préoccupations de l’autre, à ses désirs, à ses difficultés, aux obstacles qui sont les siens, tout ceci en suspendant ses jugements et évaluations.
C’est sans aucun doute ce dernier type d’écoute qui sera une ressource inestimable pour instaurer ou restaurer le dialogue au cœur d’un conflit. C’est aussi l’écoute la plus exigeante : elle demande de la confiance en soi, pour entrer dans le monde de l’autre sans avoir peur de perdre le sien ; de la patience pour laisser l’autre dérouler le fil de ses propos ; de la bienveillance pour créer un cadre qui estompe chez l’autre la peur d’être rabroué, réfuté, incompris.

DEVELOPPER SON ECOUTE
Écouter s’apprend, s’exerce, comme tout art . Cela demande d’inhiber certaines réactions habituelles, telles que rebondir sur les propos pour prendre la parole et centrer le dialogue sur sa propre expérience, ou interpréter trop vite les paroles de l’autre en projetant son monde sur celui de l’autre.
Vous pouvez faire de chaque rencontre une occasion de développer votre écoute. C’est un chemin qui demande du temps, sur lequel l’on trébuche souvent. Mais les bénéfices seront à la hauteur du travail consenti.
Écouter ne veut cependant pas dire être d’accord, ou céder devant les demandes de l’autre partie. Cela n’implique pas non plus de dévaluer ce que l’on a à communiquer, ou de considérer sa propre position comme de peu d’importance. L’écoute demande d’accorder autant d’importance à soi qu’à l’autre, de même que de donner autant de poids aux paroles de l’autre qu’à sa propre parole. C’est l’exercice de cette mutualité qui permet la communication.

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